Les balcons en béton à l’épreuve du temps

 Le béton est le matériau de construction le plus utilisé au monde et celui que l’on façonne le plus facilement. Il n’est dès lors pas étonnant que l’on retrouve ce matériau dans la grande majorité des constructions suisses.

La préservation des balcons en béton est un défi complexe, notamment en Suisse, où les conditions climatiques variées avec une grande amplitude de températures entre saison estivale et saison hivernal exigent une attention particulière pour prévenir les dommages. Au cœur de cette problématique, TASQ, en collaboration avec Christian Nourrisse, ingénieur civil chez TSIC SA et Sten Rettby, Ingénieur EPF SIA chez S.R.ING vous présente un panorama des types de dégradations couramment rencontrées et dresse un tableau détaillé des mesures préventives et correctives nécessaires. De plus, nous explorerons les implications légales et normatives, notamment en référence à la norme SIA 262.

Types de dégradations

Un balcon, c’est-à-dire une plate-forme en saillie de la façade, limitée vers l’extérieur par un ouvrage vertical formant un garde-corps, est la partie la plus vulnérable d’un bâtiment.

Les signes avant-coureurs des dommages subis par un balcon en béton peuvent être subtils, tels que la présence de stalactite en période hivernale. Cela peut sembler anodin, et pourtant ! La présence de ces stalactites peut indiquer que le balcon en béton est victime du phénomène de carbonatation, une réaction chimique qui érode le caractère alcalin du béton, révélant ainsi les armatures en acier à l'emprise corrosive du temps. Ce phénomène n’est malheureusement pas la seule problématique potentielle. Il s’agirait de mentionner également les infiltrations d'eau causant des dommages structurels, les attaques chimiques (notamment chlorure, sulfate et acide), des réactions alcalines, la corrosion des aciers, les surcharges d’exploitations (humaines ou liées à des mobiliers et plantes qui ne respectent pas les poids autorisés), les fissures et les effondrements apparaissant à cause de mouvements structurels, de défauts de conception ou de matériaux défectueux.

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balcon béton Nourisse

Le balcon est construit comme un prolongement du plancher, accroché sur un seul de ses côtés, en porte-à-faux à l'extérieur de l'immeuble. C'est la structure la plus vulnérable du bâtiment.

Mesures en phase chantier

 Sur le plan légal en Suisse, la norme révisée SIA 262, en vigueur depuis le 1er janvier 2013, joue un rôle crucial. Elle fournit des directives détaillées pour la conception, la construction et la maintenance des structures en béton. Au-delà de la simple définition des propriétés du béton, elle prescrit également des pratiques d'inspection et de maintenance pour assurer la sécurité et la durabilité des structures, y compris les balcons.

Durant la phase de création d’un balcon en béton, il est crucial d'effectuer une vérification systématique de la mise en place correcte des armatures in situ, conformément aux plans d'exécution, aussi bien en interne qu'en externe. Ceci est particulièrement important en présence de rupteurs thermiques ou de dispositions masquant la liaison de la dalle de balcon à la façade. De plus, des dispositions constructives doivent être définies pour respecter les règles parasismiques, adaptées aux ouvrages les plus courants.

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balcon béton réussi

De nos jours, tous les balcons en béton en Suisse sont construits avec des consoles isolantes, offrant des performances statiques et thermiques élevées, ce qui garantit une résistance et une durabilité accrues.

Agrandir un balcon existant est possible, mais nécessite une campagne de sondage et des renforcements plus ou moins importants. L'armature supérieure au départ du porte-à-faux est déterminante pour assurer l'encastrement du balcon dans l'ouvrage. Les campagnes de sondages peuvent être réalisées de différentes manières, notamment par piquage au marteau pour dégager les armatures (nécessitant un rhabillage ultérieur) ou par un sondage non destructif au Ferroscan, plus coûteux mais permettant de scanner et mesurer les armatures sans endommager le béton. Si nécessaire, il est possible d'ajouter de l'armature ou des lamelles carbones pour renforcer cet encastrement. Des structures légères en bois ou en métal sont également envisageables, mais elles nécessitent des poteaux ou des consoles. Si l'on souhaite éviter l'utilisation de poteaux ou de consoles, il est envisageable d'encastrer les éléments de bois ou de métal vers l'intérieur du bâtiment, bien que cela implique des travaux plus importants, notamment des saignées larges dans les planchers existants à l'intérieur du bâtiment.

Mesures en phase exploitation

Pour prévenir les altérations exposées précédemment, une série de mesures est nécessaire, même après la fin du chantier. Des inspections régulières, conformes à la norme SIA 262, sont nécessaires annuellement sur le plan visuel et tous les cinq ans sur le plan technique. L'étanchéité, l'application de revêtements protecteurs résistant aux UV et à la corrosion, un drainage efficace, et le contrôle du surpoids sont autant de stratégies recommandées.

En cas de rénovation, l'expertise d'un ingénieur civil, suivant méticuleusement les normes de la SIA 262, devient impérative. La réparation des fissures avec des résines époxy, le renforcement structurel au besoin, et le traitement chimique avec des inhibiteurs de corrosion se profilent comme des solutions envisageables, favorisant ainsi la longévité des balcons.

En conclusion, la durabilité des balcons en béton nécessite une attention continue à plusieurs niveaux, de l'inspection à la maintenance et à la rénovation. La conformité aux normes, en particulier la SIA 262, demeure une pierre angulaire pour assurer la robustesse et la sécurité des structures en béton en Suisse, forgeant ainsi un avenir solide pour les balcons face aux aléas météorologiques.